Septembre 2017

Addictions au tabac. Répéter les interventions à l'occasion de tout contact

Dr Anne Borgne, Nicolas Bonnet


Ce dossier sur l'addiction au tabac présente  le parcours de soins spécifique à cette addictions en 4 étapes clés :  l'entrée dans le tabagisme, le fumeur insouciant, le fumeur qui commence à s'inquiéter et celui  désireux de rompre avec le tabac.
La première étape commence par la diffusion du tabagisme chez les jeunes.

Les derniers exercices des enquêtes Health Behaviour School-aged Children (HBSC* 2010) et European School Survey Projet on Alcohol and other Drugs (ESPAD 2011) permettent de reconstituer la diffusion du tabac au cours de l’adolescence, de la classe de 6e à la terminale. Même si la France ne dispose pas d’une étude longitudinale représentative des jeunes, les résultats de ces enquêtes montrent bien que l’adolescence est une période clé pour l’initiation et l’essor des conduites addictives, parmi lesquelles le tabagisme occupe une place prépondérante. Or, à l’instar des autres substances psychoactives, le risque de développer une dépendance au tabac, susceptible de générer par la suite des pathologies liées, est d’autant plus important que l’expérimentation intervient tôt au cours de la vie.

Des usages qui s’installent dès le collège…

En classe de 6e, un peu plus d’un élève sur huit (13 %) a déjà essayé la cigarette, une proportion qui augmente de 10 points en 5e puis en 4e, atteignant 52 % en 3e (figure p. 23). Cette initiation au tabac se fait plus précocement chez les garçons que chez les filles (il y a deux fois plus d’expérimentateurs que d’expérimentatrices en 6e : 16 % vs 8 %), mais ces dernières rattrapent leur « retard » dès la classe de 4e (35 % vs 31 % des garçons).

 

Marginal jusqu’en 5e, l’usage quotidien concerne 8 % des élèves en 4e et le double une année plus tard. Là encore, le sex-ratio s’inverse en classe de 4e, où la proportion de celles qui fument tous les jours devient comparable à celle observée chez les garçons. Quand ils entrent en 2nde, plus d’un quart des adolescents fument quotidiennement, soit 41 % des deux tiers qui ont déjà essayé la cigarette. La part des usagers quotidiens parmi les expérimentateurs passe à 49 % en 1re, mais décroît ensuite. Après avoir fortement progressé au collège, la diffusion du tabac semble donc fléchir légèrement durant les « années lycée ». Toutefois, c’est à ce moment que s’installe la dépendance : la proportion de jeunes qui fument au moins 10 cigarettes par jour passe de 5 % des usagers quotidiens en 3e à 24 % en 2nde. Ce renforcement du tabagisme est en grande partie lié au fort pouvoir addictif du tabac qui entraîne une intensification de la consommation avec l’ancienneté dans l’usage, mais aussi peut-être à une certaine émancipation des adolescents lors du passage au lycée, avec notamment un contrôle parental moins fort(3).

 

Au sein de la population française âgée de 15 à 85 ans, un peu moins des trois quarts des individus (74 %) ont déclaré en 2010 avoir déjà fumé, une proportion comparable à celle observée à la fin des années « lycée » : il est donc peu fréquent qu’une personne qui n’a pas expérimenté le tabac avant sa majorité s’y essaie passé ce cap.