Le Concours Médical
Novembre 2017

MALADIE RÉNALE CHRONIQUE. Repousser l’échéance des traitements de suppléance tout en les prévoyant

Pr Maurice Laville


Sensibiliser précocement les patients au parcours de soins

Le vieillissement de la population, l’évolution des comportements et de meilleurs dépistages sont à l’origine du nombre croissant de patients atteints de maladies chroniques. Parmi celles-ci, la maladie rénale chronique se caractérise par une difficulté spécifique : son aspect asymptomatique, qui engendre des retards dans le dépistage. Il est ainsi indispensable d’avoir recours à la biologie et à la radiologie pour définir le degré de gravité et le type de maladie rénale. À cet égard, l’estimation systématique du débit de filtration glomérulaire avec tout dosage de créatinine est un progrès considérable. À la suite de l’annonce de la maladie chronique, il faut expliquer au patient le bénéfice d’un traitement conservateur au long cours, dans le but de ralentir l’évolution et d’anticiper et gérer des complications éventuelles. L’élaboration du parcours de soins est un enjeu majeur dans l’offre de santé vis-à-vis de la maladie chronique, dans le souci premier de conserver au mieux la qualité de vie des patients bénéficiant de soins dans la durée et la complexité de plusieurs disciplines médicales.

 

La maladie rénale chronique (MRC) est un enjeu de santé publique, elle représente un coût estimé à 2 % des frais de Sécurité sociale et touche environ 3 millions de personnes. Près de 70 000 malades sont dialysés ou greffés, avec un impact important sur leur qualité de vie. Environ 30 % des patients commencent la dialyse de façon non programmée, ce qui ne leur permet pas d’anticiper une adaptation sociale, familiale et de choisir sereinement la technique de traitement de suppléance la plus adaptée à leur mode de vie. De plus, la réflexion sur la greffe est impactée par la mise en route de la dialyse, privant le patient d’une prise de recul sur le don, retardant le bilan de transplantation et l’inscription sur la liste d’attente.

 

Importance des acteurs de premier recours pour réduire le délais de prise en charge

L’offre de soins devrait permettre de réduire le nombre de patients pris en charge dans ces conditions tardives. Cependant, nombre de personnes n’ont pas de médecin traitant et consultent avec une demande ponctuelle ne permettant pas une vision globale de l’état de santé et n’amenant pas d’investigations autres que la gestion de l’épisode aigu.

La médecine du travail est un lieu privilégié de dépistage et d’information sur les maladies chroniques. La consultation est périodique (tous les deux ans) pour toute personne exerçant une activité professionnelle, et le dépistage d’une atteinte rénale par bandelette urinaire est simple et peu coûteux. Nombre de patients bénéficient de ce contact pour consulter leur médecin généraliste et se voir prescrire des examens complémentaires.