Décembre 2019

TÉLÉSURVEILLANCE MÉDICALE. Une longue épreuve par Étapes

L’histoire de la télésurveillance médicale est révélatrice des difficultés qu’industriels et acteurs  de santé rencontrent dans  le développement d’une prise en charge innovante dont nul ne conteste pourtant l’intérêt, tant pour les patients que pour l’économie générale du système de santé.
Reconnue pour la première fois par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) de 2009, elle a encore du mal à sortir du cadre expérimental, dix ans après.
 

En France, le coup d’envoi de la télémédecine n’a été réellement donné que par le programme Étapes (Expérimentations de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé, article 36 de la loi de financement de la Sécurité sociale [LFSS] 2014) qui prévoyait des expérimentations, à compter du 1er janvier 2014, d’une durée de quatre ans, dans des régions pilotes… et finalement élargies à l’ensemble du territoire en 2017. En 2018, alors que téléconsultation et télé-expertise passent dans le droit commun, la télésurveillance, jugée plus complexe, restera, elle, sur le quai de l’expérimentation.

L’expérimentation Étapes, prolongée pour quatre ans, ne concerne désormais que la seule télésurveillance sur cinq pathologies : insuffisances cardiaque, rénale et respiratoire, diabète et prothèses cardiaques implantables. « Un programme qui a fait de notre pays un pays précurseur en Europe dans le domaine de la télécardiologie », se félicite Bruno Regnault, directeur général d’Abbott medical France.

Le 18 octobre dernier, un bilan du Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (Snitem) faisait état d’une montée en charge assez inégale du dispositif selon les pathologies. L’expérimentation souffre de sa complexité (gestion manuelle par l’Assurance maladie, établissements de santé pas toujours bien informés, complexité de la facturation…). À cela s’ajoutent les maux bien connus de notre système de santé : manque d’interopérabilité entre les solutions de télésurveillance médicale et les systèmes d’information hospitaliers, faible périmètre des tâches des infirmières, pénuries d’effectifs dans les hôpitaux.