Mars 2015

L'avenir de l'hôpital dépend de la médecine de ville

Reçu avec Anne Gervais, vice-présidente de la CME de l’AP-HP, et Jean-Paul Vernant, auteur du Plan cancer, par Marisol Touraine, le Pr André Grimaldi juge irrecevables les arguments idéologiques contre le tiers payant généralisé, accusé d’entraîner « des abus de consultations et de provoquer l’étatisation de la médecine. Mais le vrai souci, c’est la complexité avec une charge administrative supplémentaire [...] Il n’y a pas de raison pour qu’un médecin, sans rémunérations dédiées, ait à gérer les rapports des patients avec les 500 assurances privées ou mutuelles ».

 

À propos du tiers payant, « en tant qu’hospitaliers, nous sommes indirectement concernés puisqu’une partie des passages aux urgences hospitalières non justifiés s’explique par le fait que l’hôpital pratique le tiers payant. Les urgences sont devenues les consultations du pauvre ». Pour ce qui est du service public hospitalier, sujet prioritaire à ses yeux, « il y a le service public hospitalier représenté par les hôpitaux publics, qui ont un devoir, non pas de rentabilité, mais d’efficience, de non-gaspillage, ce qui n’est pas la même chose. À côté, il y a les établissements privés non lucratifs, qui peuvent participer au service public. Et puis il y a les missions de service public, comme les urgences, déléguées par contrat à une clinique commerciale, sous conditions. Si nous ne retrouvons pas ces trois niveaux dans la loi, nous demanderons son retrait ». Outre le problème lié à la généralisation de la T2A qui transforme l’hôpital en hôpital entreprise, l’avenir de l’hôpital dépend d’abord de l’évolution de la médecine de ville qui, selon lui, devrait être « la colonne vertébrale de notre système, La construction d’un service public de la médecine de proximité aurait dû être au coeur de la loi. Il aurait fallu aborder de front la question centrale : la prise en charge des patients atteints de maladies chroniques ». Il prône la fin du paiement à l’acte dans certains cas. « La maladie chronique remet en cause le paiement à l’acte en ville tout comme la T2A à l’hôpital, qui sont des obstacles à la coordination des soins. Il faudrait passer à la capitation. »