Novembre 2019

INNOVATION. Ipso santé réinvente la médecine de proximité

Fondé en 2012, ce nouveau modèle de cabinets a été coconstruit par des médecins généralistes, des ingénieurs et des spécialistes en organisation.
Deux centres parisiens sont opérationnels. Objectif : en ouvrir une vingtaine d’ici à 2024.

 

Si Ipso santé se présente comme un cabinet « nouvelle génération », le réseau n’en demeure pas moins très proche, structurellement parlant, d’une maison de santé. « On s’en rapproche – exercice pluriprofessionnel, staffs hebdomadaires, dossiers partagés, maître de stage universitaire, accueil des étudiants, horaires étendus…, explique Marie Benque, médecin généraliste associée, mais notre atypie est une approche interdisciplinaire intégrant des compétences nouvelles (technologiques, en management et organisation, etc.) qui permettent de développer des solutions innovantes et de prendre du recul sur l’évolution des métiers de la santé. On travaille notamment sur l’amélioration de la collaboration entre professionnels, l’évolution de la relation avec les patients. Nous avons conçu nous-mêmes notre système informatique : le logiciel utilisé en consultation, le portail de prise de rendez-vous, la gestion administrative. » D’où la présence à temps plein de huit développeurs dans les locaux – bel espace de travail au sous-sol, grandes verrières, mobilier moderne – du cabinet de Saint-Martin (Paris, IIIe). « Paradoxalement, notre approche ne nous donne pas accès à tous les financements des MSP, car on n’entre pas dans toutes les cases, notamment nos logiciels ne sont pas labellisés ASIP », explique-t-elle.

Le projet naît en 2012, au sein d’une équipe de médecins, d’ingénieurs, de développeurs et de consultants en organisation. Leur idée : repenser les soins de premier recours pour faire face aux défis actuels : « Soigner plus de gens, plus vieux, plus malades, avec moins de médecins sans que ça coûte trop d’argent à la société », précise la généraliste. D’autant que Paris fait face à un problème de densité médicale, notamment en raison des contraintes financières que représentent la location d’un local, le recrutement de personnel administratif, etc.

Au lancement des premières réflexions, la jeune remplaçante ne se reconnaît pas dans les structures qui existaient : « Il y avait de bonnes idées à prendre mais un peu partout. Nous étions à la limite de toutes les cases existantes et voulions simplement réfléchir à ce qui fait du sens. » Et premier constat : « Pour repenser l’organisation, il faut avoir la main sur les outils qui la sous-tendent. »

De 2012 à avril 2015, date de lancement du premier cabinet, les aspirations se précisent : exercice en équipe, force du collectif, prise en charge pluridisciplinaire proposée dans un même lieu, réduction des charges administratives… Le local de Saint-Martin, « le plus gros frein car on a mis deux ans à le trouver », ouvre sitôt les travaux terminés. Tout d’abord au rez-de-chaussée, puis, l’activité augmentant, l’espace de 400 m2 est entièrement investi.