Réseaux de soins : des avancées à pas feutrés
La Mutualité française chiffre à 1,9 milliard d’euros l’économie potentielle réalisée par les ménages si tous les Français avaient accès à un réseau de soins dentaires, d’optique ou d’audioprothèses, avec une diminution des prix de 15 %. Les complémentaires santé peuvent-elles donc avoir un rôle positif sur le pouvoir d’achat ?
E. C : Sans aucun doute et ce rôle est très significatif ! En moyenne, un assuré économise 140 euros dans le secteur dentaire, 65 euros en optique et 390 euros en audioprothèse. Mais n’oublions pas que ces accords permettent aussi d’améliorer la qualité et la transparence.
J-P. O : C’est le propre des réseaux de soins et le jeu que jouent les assureurs complémentaires dans un milieu fortement concurrentiel. Je ne suis pas étonné qu’il y ait un impact tarifaire mais existe-t-il derrière une évaluation réelle de la qualité du service rendu à la population, de la qualité de la prise en charge ou des appareillages fournis dans ces réseaux ? Cela reste à suivre de façon extrêmement attentive. Les mécanismes de suivi de la qualité mériteraient d’être mis en place et développés par des instances extérieures.
Étienne Caniard, vous appelez à développer la logique de contractualisation avec les professionnels de santé. Les médecins vous semblent-ils mûrs pour cela ?
E. C : La contractualisation peut prendre plusieurs formes. Les réseaux autorisés par la loi ne concernent pas les médecins, seulement l’optique, l’audioprothèse et l’activité dentaire prothétique. Arrêtons de fantasmer avec des réseaux dans lesquels les professionnels sont enfermés, cela ne correspond à aucune réalité. Concernant les médecins, force est de reconnaître que la rémunération de certains actes, notamment cliniques, est inadaptée. Faut-il se résigner à une augmentation des dépassements d’honoraires hétérogènes et sans contrepartie, ou ne serait-il pas préférable d’imaginer le cadre d’engagements réciproques permettant de mieux rémunérer certains actes ou pratiques définis avec les professionnels de santé ? Nous pouvons réfléchir à d’autres dispositifs pour favoriser la coordination, les pratiques de qualité, financer des modes d’organisation allégeant les tâches non médicales des médecins, ce qui répond à une demande de la profession. Des solutions se développent déjà localement. Elles démontrent que nous sommes loin des représentations caricaturales des réseaux ou d’un conventionnement individuel.
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